Menaces croissantes contre les médias au Tessin
Au Tessin, des avocats accusent les journalistes d’investigation de « concurrence déloyale ». syndicom les soutient.
En mars, quatre journalistes de l’hebdomadaire Il Caffè ont été accusés de « concurrence déloyale » par le procureur. Ils ont fait recours. Leur délit ? Avoir mené une enquête sur certaines anomalies survenues à la Clinique Sant’Anna à Lugano, qui appartient au groupe vaudois Genolier (voir notre édition de février). Un mois plus tard, un autre journaliste – Filippo Süssli du portail Ticinonline – recevait une lettre menaçante de l’avocat d’une entreprise faisant l’objet de ses recherches. Ce dernier l’informait qu’il le dénoncerait pour « concurrence déloyale » s’il continuait à écrire. Cette situation préoccupante montre que les recherches journalistiques sérieuses deviennent de plus en plus difficiles au Tessin.
Aujourd’hui, le journalisme est confronté à de nombreuses difficultés : les coupes voulues par les éditeurs, les conditions contractuelles toujours plus critiques et la crise de l’édition. Si l’on ajoute à ces obstacles les menaces employées comme facteurs de dissuasion et l’impossibilité de travailler de manière sereine, la profession de journaliste sera toujours plus souvent mise en péril.
Il n’est plus tolérable que la « concurrence déloyale » soit utilisée comme prétexte pour museler les journalistes qui – fait toujours plus rare – mènent une enquête au lieu de se contenter des réponses obtenues et vont au fond des choses pour rester au seul service de leurs lecteurs. Les syndicats sont eux aussi appelés à réagir à ces attaques.